Elle lui présenta son histoire comme on déballe un cadavre au pied de son seul véritable ami, comme si elle espérait qu’il lui dise « c’est fini, je m’occupe de tout maintenant ». Elle s’appelait Barbie. Du plus loin qu’elle se souvienne, elle avait toujours eu une paire de piolets, un faucon noir et quelques accessoires de mode bien entendu. Elle savait que cela paraissait curieux et ne proposait aucune explication. C’était simplement un fait, elle avait toujours eu son faucon noir. Et puis un jour, en rentrant chez elle, elle avait trouvé son intérieur complètement retourné. Tout avait été méthodiquement mis à terre, vêtements, porte vêtements, dînette, pourtant rien ne manquait. Ceux qui avaient fait ça cherchaient quelque chose qu’ils n’avaient pas trouvé. Depuis le cambriolage, le sentiment d’être observée ne l’avait pas quitté. Ses pires craintes se réalisèrent la nuit dernière. Quelqu’un était entré chez elle, un gros ours, une brute, avec une salopette rouge. Il l’avait secouée, il avait crié « Où est le faucon, où il est ? ». Tétanisée, elle n’avait rien pu dire, et la brute avait fini par partir avant que le voisinage ne rapplique. Le faucon, quant à lui, cela faisait des mois qu’il était dans le coffre de la voiture de Barbie, négligemment emballé dans une grande jupe en jean. Il n’avait pas bougé depuis cette journée où elle avait joué au vétérinaire.
Big Jim se leva et posa une main sur l’épaule de Barbie :
- Rentrez chez vous, on se reverra bientôt. Je m’occupe personnellement de l’affaire, lui dit-il d’une voix rassurante.
