Tout se passa alors très vite. Hugo sentit Dohly dans son dos lui dire :
- Envole-toi mon petit père !
Bank détala comme une fusée, Jojo était déjà parti, ne laissant derrière lui qu’un tourbillon de poussière. Ne sachant d’où venait la voix, Hugo le lego s’effondra sur lui-même et tira sur sa carcasse une couverture qui trainait dans les parages. Il tremblait de peur et ses tremblements redoublèrent quand il entendit des pas décidés s’approcher. Sous sa cache de fortune, il ne voyait rien qu’un filet de lumière, les pas venaient vers lui. Mince, c’était un frère lego ! Hugo eut envie de se lever et de fondre dans les bras du flic, après tout, on est tous frères, on la même polymère dans les veines et on sort du même moule. La voix du flic retentit à nouveau, peut-être un peu trop fort pour quelqu’un qui se parle à lui-même :
- La tuile, ils se sont tous barrés ! Je vais récupérer ce matériel comme preuve à charge.
Puis il partit d’un pas lourd, les bras chargés des affaires de Hugo.
Hugo émergea longtemps plus tard, inquiet du sort de sa belle Dohly. Sans elle et sans ressources, il fonça à l’angle de la 5ème et de la 2ème étagère. Sur place, un lego entièrement noir et portant un casque intégral légèrement évasé haranguait les passants à coups de sentences définitives. « Je suis ton père » lança t’il à un Pinocchio éberlué qui pressa le pas. Quand Hugo s’approcha, le lego noir se retourna d’un ample mouvement qui fit voler sa cape noire et se plongea dans la contemplation d’un ouvrage de référence : Martine à la plage. Hugo se plaça à coté de lui :
- Salut Darky,
- « Prends-moi dans tes bras comme tu le faisais avant au bord du lac sur Naboo ».
- Déconne pas frérot, je suis dans la merde, faut que tu m’aides.
- Darky voit tout, Darky sait tout, mais Darky ne diras rien …
Hugo déballa le récit de la dernière heure, mais son frère exigea celui des dix derniers jours « pour mieux sentir le contexte » disait-il.