La crème des Hommes - Épisode 4



Au lieu de retourner auprès de Hugo, Darky se rendit trois allées plus loin, vers ce qui tenait lieu de commissariat dans les parages. Là-bas, il demanda audience auprès des deux flics les plus sauvages qu’on ait jamais connu. Nuparu et Hahlil étaient grands, vraiment grands. Taille élancée et épaules massives, leurs corps semblaient sculptés dans un plastique laqué, froid comme l’acier. L’un noir et gris, l’autre bleu et blanc. À part leurs yeux pénétrants, on ne pouvait rien voir de leur visage, masqué par des filtres et des tuyères d’alimentation, comme si l’air ambiant brulait leurs poumons. Chaque mouvement entrainait des pistons hydrauliques et des rotules en alliage. Vu d’un lego, fut-il noir comme les ténèbres et armé d’un sabre laser, ces forteresses sur pattes ne souffraient d’aucun point faible. Même dans le souffle d’une explosion nucléaire, ces deux-là ne vacilleraient pas pensa Darky. Ici, ils étaient craints comme la peste. Quand Nuparu lançait « Deus ex … » irrémédiablement, Hahlil rétorquait « machina ! » et si par malheur quelqu’un bougeait encore une oreille après cette démoniaque combinaison, alors les balles commençaient à pleuvoir comme les feux de l’enfer.

Faire alliance avec eux, c’était comme parier que la tartine allait tomber sur la tranche. Mais Darky croyait en sa bonne étoile, noire elle aussi.

Il rejoignit ensuite son frère qu’il avait prudemment enfermé en attendant son retour. Hugo pestait comme un lionceau en cage :

- Darky c’est toi ? Sors moi de là ! Allez s’te plait.

- Le seul moyen de récupérer tes affaires est de savoir où ils se planquent.

- Mais je ne peux pas y retourner, implora Hugo.

- Et Dohly, tu y penses, et la capsule ?

Le mot capsule eu un effet magique sur Hugo, qui changea de ton immédiatement :

- Comment tu sais pour la capsule de Dohly ? Mais c’est pas à elle, elle le garde pour sa mère.

- Arrête tes balivernes coupa Darky. Ils sont au moins quatre, et le rabatteur ne te connaît pas. Tu vas y aller et aguicher le type. Je vais te passer ma cape et mon sabre, si tu les paumes je t’arrache la tête.

- Et tu seras où toi ?

- Avec un pote qui a la grosse tête … répondit Darky, énigmatique.

- Tu me saoules, qu’est ce que ça veut dire ?

- « T’aider je peux, oui ».


À suivre ...