Bank examinait le paquet de Hugo avec attention, tournant et retournant les accessoires dans ses mains.
- T’es sûr que tu vas réussir ? demanda Hugo, inquiet. Bank ne répondit pas. C’est Jojo qui prit la parole :
- Bank, c’est le meilleur, s’il te dit que c’est bon, c’est que c’est bon !
Bank et Jojo étaient deux bonshommes lego qui avaient trouvé un bon filon. Ils transformaient le vulgaire plastique en métal. Hugo ne savait pas comment et d’ailleurs il ne voulait pas le savoir. Mais il avait vu la transformation et il y croyait dur comme fer. C’est Dohly, sa douce, qui les avait présentés, Dieu sait comment elle les avait rencontrés. Hugo avait rapidement été convaincu par les arguments de Dohly. Elle s’était calée derrière lui et avait murmuré à son oreille :
- Mon petit père, tu veux changer de condition ? Tu veux aller au terminus de l’ascenseur social au lieu de transpirer dans l’escalier de service ? Alors amène tout ce que tu as et ces gars vont te le changer en métal. Tu verras, ici, tout le monde te respectera.
Faut dire que Hugo était le plus simple des lego, pieds carrés, tête jaune, mains jaunes, même pas une coiffure, à la place, ce grand cratère jaune des petites gens. Il avait dit oui, autant par envie que par amour pour sa belle Dohly, une imposante déesse qui passait le plus clair de son temps à coiffer, tailler et mécher sa chevelure de pâte à modeler.
Pour l’heure, Hugo suivait avec attention sa petite fortune entre les mains de Bank. Il avait tout amené, sa lampe, un bâton, et ce à quoi il tenait le plus : son talkie walkie. Dressé sur la pointe des pieds, il regardait avec attention par-dessus l’épaule de Bank. Encore une fois, c’est Jojo qui intervint :
- Laisse-le tranquille si tu veux pas qu’il fasse des bêtises. Tu veux qu’il fasse des bêtises ?
Hugo n’eut pas le temps de répondre. Une voix puissante tonna dans la pièce.